Photo-souvenir avec le pasteur Gerard
قِس منذ 35 سنة في إتحاد الكنائس البروتستانتية في إقليم ألزاس ولورين، Gérard Riess تحدث إلينا عن أهداف الكنيسة البروتستانتيّة في لبنان والمساعدات التي تقدّمها والصعوبات التي تواجهها في ظلّ الوضع الإجتماعي اللبناني المزري. وقد أجرينا هذا اللقاء قبل تسليم المهمّة لخليفته Evelyne Schaller ومغادرته لبنان.
يُذكر أنّ الكنيسة البروتستانتية في لبنان أنُشئت سنة 1925 لإثبات الوجود البروتستانتي الفرنسي فيه دون نسيان الفرنكوفونية. ومنذ حزيران 2020، قدّمت مساعدات منها 30 منحة دراسية لكافة العائلات اللبنانية وجميع الأديان، علمًا أنّ 80% من التبرّعات السنوية تذهب إلى دعم الغذاء للأفراد وكذلك المنح المدرسية، وذلك بالتعاون مع المتطوّعين وأصدقاء يأتون دورياً إلى الكنيسة.
والقِس جيرار من أصل فرنسي من منطقة ستراسبورغ، أتى إلى لبنان متطوّعًا مع زوجته بربارة وأولادة الثلاثة وأحفاده عام 2019، بهدف مساعدة الكنيسة ورعيتها. وسرعان ما تدهورت الأوضاع: الثورة في 17 تشرين الأول، وباء كورونا منذ شباط 2020، إنفجار مرفأ بيروت وأخيرًا وليس آخرًا الإنهيار الإقتصادي.
افلين شالير بدأت مهمّتها في لبنان ولمدّة ستة أسابيع، خلفًا للقِس الذي كان محبوبًا من الجميع لا سيما من العاملات الأجانب في لبنان خصوصًا الناطقات بالفرنسيّة. سألناه إذا كان سيعود إلى بيروت، رفع يديه إلى السماء وقال: “أتمنّى ذلك من كلّ قلبي، فكلّ من يزور هذه البلاد يقع في … غرامها!”
فإلى المقابلة الكاملة مع القس وباللغة الفرنسيّة.
Q : Quelle est la mission de l’Église protestante au Liban et quel est son but ? Quand cette préoccupation a-t-elle commencé et comment s’est-elle développée au cours du temps surtout suite à la mauvaise situation sociale après l’explosion du port de Beyrouth?
R : L’église Protestante Française de Beyrouth est née en 1925 et sa fonction première est d’assurer une présence protestante française et francophone au Liban, pays francophone par excellence, terre fertile au dialogue, aux échanges et au partage sur laquelle la Réforme a un certain écho. Ceci est d’autant plus vrai que depuis la déflagration sociale née de la « Thaoura » puis accélérée par l’explosion du port de Beyrouth, notre mission évolue de plus en plus vers la diaconie et l’urgence à l’heure où tant de libanais, réfugiés et travailleurs migrants ont des besoins urgents de logement et de nourriture.
Q : Sans doute, vous avez aidé des familles libanaises touchées. Quel est le nombre total de ces familles et est-ce que continuez toujours à leur fournir cette aide?
R: Depuis juin 2020 nous avons mis en place une logistique de distribution de paquets alimentaires pour les travailleurs et travailleuses migrants qui appartiennent à notre communauté mais pas seulement. Depuis janvier notre Conseil Presbytéral (organe de gestion de notre église) a décidé de financer 30 bourses scolaires destinées à des familles libanaises (toutes confessions confondues) ayant choisis de scolariser leurs enfants dans des écoles protestantes et évangéliques libanaises. D’autre part, le Conseil Œcuménique des Communautés Chrétiennes de France (CECEF qui regroupe les églises latines, orthodoxes et protestantes en France) nous a alloué 10.000 euros pour financer davantage de bourses et nous avons sélectionné deux écoles orthodoxes de Tripoli, une école protestante à Kfarchima, nous attendons encore que des écoles catholiques latines ou orientales se manifestent pour recevoir une partie de ce don.
Q : Vous organisez tous les dimanches une messe dans l’Église Protestante Française de Beyrouth à laquelle participe un groupe de filles étrangères francophones (pourquoi uniquement des francophones), et on dit que vous les aidez également financièrement ainsi que vous facilitez leurs affaires juridiques, puis vous les aidez à rentrer dans leur pays. Quelle est votre relation avec le Conseil œcuménique des Églises et est-ce que ces services s’inscrivent-ils dans le cadre de l’évangélisation religieuse chrétienne?
R : Dans le protestantisme, nous préférons utiliser le terme de culte à messe. Le culte est un moment où les paroissiens reçoivent un enseignement spirituel et théologique fondé sur la lecture et l’explication de textes bibliques par un Pasteur. La louange et la prière trouvent aussi leur place. Notre église est française donc francophone et est ouverte par conséquent à tous, croyants ou pas, qui ont cette langue en partage. Nous accueillons avec beaucoup de joie une large communauté malgache, de nombreux africains aussi, des libanais et parfois des suisses, américains ou d’autres nationalités de passage au Liban. Jusqu’à juillet dernier un des membres de notre conseil était argentin.
Nous n’aidons pas financièrement directement les travailleurs et travailleuses migrantes membres de notre communauté. Nous les aidons pour certains frais de santé, nous distribuons de l’aide alimentaire depuis juin 2020 et participons il est vrai à leur rapatriement quand leur situation n’est plus vivable au Liban et qu’ils/elles émettent le souhait de retourner dans leur pays.
Nous avons en octobre pu faire libérer une travailleuse migrante ivoirienne retenue en détention en Syrie après avoir fui le Liban. Elle est restée 6 mois en détention avec sa fille en bas âge et nous avons largement contribué à sa libération avec des partenaires et maintenant amis. Elles sont maintenant en Côte d’Ivoire et se portent bien.
Notre église a été longtemps en lien avec le Conseil Œcuménique des Eglises au Liban. Nous allons prochainement nous atteler à renouer ces liens qui unissaient nos institutions.
Q : De qui est composée l’équipe qui fait ce travail et d’où obtenez-vous le financement?
R : Notre église est gérée par un Conseil presbytéral avec un président qui est le Pasteur, une vice-présidente, une trésorière et une secrétaire appuyés par des conseillers qui prennent part aux décisions mais aussi sont actifs sur le terrain pour aider l’église dans ses actions. Notre financement annuel est assuré par une partie de notre patrimoine et nous consacrons cette année 80% de notre budget total aux actions d’entraide alimentaire et bourses scolaires détaillées plus haut. Notre église est une vraie église de projets et de missions. Nous ne comptons jusqu’à maintenant aucun salarié et nous accueillons parfois des volontaires et amis qui viennent nous aider ponctuellement.
Q : Pasteur Gérard, vous quittez le Liban dans quelques jours même avant la parution de cet article et vous serez également remplacé par une missionnaire, pour continuer la mission. Qui êtes-vous? Depuis combien de temps êtes-vous au Liban? Où allez-vous et avez-vous d’autres tâches que vous entreprendrez en dehors du Liban? Qui est la missionnaire qui vous succèdera? Est-ce que votre mission est-elle continue?
R : Originaire de la région de Strasbourg, j’ai été pasteur durant 35 ans dans l’UEPAL (Union des Eglises Protestantes d’Alsace et de Lorraine). Avec Barbara mon épouse et nos 3 enfants et 3 petits-enfants. J’ai bénéficié du statut de pasteur retraité bénévole de l’Epudf (Eglise protestante unie de France) pour avoir assuré plusieurs intérims en Charente, Poitou, Bretagne… Ma motivation en venant avec mon épouse comme pasteur intérimaire bénévole durant une année à Beyrouth est de : Faire Eglise ensemble, en apprenant à se déplacer vers l’autre dans nos différences vers l’appel de Dieu… et ainsi découvrir les multiples facettes et couleurs qui font la richesse et la diversité du peuple de Dieu.
Nous sommes venus une première fois en mai 2019 pour faire connaissance avec l’église et le couple pastoral qui partait. En septembre 2019 nous sommes arrivés pour un séjour de 10 mois qui a été perturbé par divers événements qui ont plongé le Liban dans la crise interminable que nous connaissons : soulèvement du 17 octobre, pandémie Covid 19 à partir de février 2020, explosion du port de Beyrouth en Août 2020, effondrement économique. Le pasteur titulaire qui devait venir définitivement le 1er janvier 2020 ayant reporté à plusieurs fois son arrivée, nous avons accepté deux nouvelles missions intérimaires de 3 mois et six semaines qui se terminent ces jours-ci.
Malgré la redoutable crise qui affecte si profondément le Liban et plonge tout un peuple dans un désarroi immense, le laissant seul et démuni face au mal-être qui ne cesse de grandir… après 12 mois de présence dans le pays du Cèdre nous partons avec plein d’étoiles dans les yeux et de lumière dans le cœur. L’église protestante française de Beyrouth est une communauté atypique formée en grande partie d’expatriées malgaches mais aussi de personnes d’origines diverses, qui malgré un quotidien difficile apportent une énergie communicative de joie, de ferveur, de fraternité concrète qui nous ont impressionnés et donnés de bien belles leçons de vie.
Cette magnifique expérience continuera à éclairer notre route, qui nous ramènera tout d’abord en Alsace, où nous sommes établis pour notre retraite, puis en Charentes Maritimes (île de ré) où j’effectuerai un intérim pastoral de quelques semaines en été. D’autres aventures nous attendent à coup sûr puisqu’ayant du temps et étant en bonne santé nous souhaitons rester disponibles et être aux côtés de ceux pour qui la fraternité est l’avenir du monde de demain.
Celle qui me succèdera s’appelle Evelyne Schaller. Elle est, comme moi, pasteure retraitée de l’UEPAL en Alsace. Elle est accompagnée de son mari Jean Luc et sera à Beyrouth pour 6 semaines (jusqu’à fin juin) Elle offrira une présence pastorale à la communauté pour l’aider à rester mobilisée et confiante dans l’attente d’une nouvelle étape qui débutera début septembre avec l’arrivée du pasteur Brice Démié qui sera titulaire du poste et inscrira son action dans la durée. Un projet de construction d’un temple est à l’étude et devrait voir le jour prochainement.