Avec le coronavirus, le monde fait face à une grande crise financière. Le Liban est le plus touché suite au contexte socio-économique qui y régit surtout après la révolution du 17 octobre 2019, l’inflation et la perte de la valeur de la livre libanaise face au dollar.Beaucoup d’experts médicaux nous avisent que les papiers même monétaires sont susceptibles de porter le Covid-19 pour plus de 24 heures. Les gens alors utilisent les cartes de crédits pour payer leurs achats. Nous virons de plus en plus vers une consommation excessive de cartes de débit et de crédit. Utiliserons-nous encore le cash ou irons-nous vers une société sans cash?
Si on vous coupe de votre argent et qu’il n‘y ait plus de cash? Qu’est ce que vous faites et comment vous vivez?
Directrice éditoriale des publications Agora, Simone Wapler, spécialisée dans les analyses et conseils financiers, a vécu l’éclatement des bulles internet et du crédit subprime. Ingénieure et journaliste de formation, auteure de “Pourquoi la France va faire faillite” (2012), “Comment l’Etat va faire main basse sur votre argent”(2013), “Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?” (2014) et “la rage de l’impôt” (2019) aux éditions Larousse, elle est aussi spécialiste des métaux, des matières premières et de l’énergie. Contribuant à de nombreuses publications telles que “Le Point”, “Enjeux” et “Les Echos”, rédactrice en chef de Moneyweek France, son objectif est de rendre accessibles tous les aspects financiers et stratégiques des technologies et des enjeux industriels.
Elle préconise un “kit de survie” individuel pour résister aux “deux ennemis” que sont l’État et l’inflation. Ses recommandations sont les suivantes :diminuer sa “mauvaise dette” (les crédits à la consommation)
les achats à crédit pour se loger ne devaient être faits qu’à taux fixe
diversifier ses sources de revenu
garder une réserve de cash et/ou d’orfractionner ses dépôts dans plusieurs banques
Dans son article publié en 2019 à l’ EconomieMatin, Simone Wapler rappelle qu’il est d’usage de fustiger la finance et son avatar « l’ultralibéralisme » mais souvent pas pour les bonnes raisons.
Les étatistes de droite et de gauche et les populistes ne sont pas du tout contre la fausse monnaie, créée à partir de rien. Simplement, ils contestent sa répartition : ils en veulent plus pour eux, pour leur usage, pour acheter des électeurs.
Les populistes veulent plus de fausse monnaie pour la distribuer à tous ceux qui voudront voter pour eux.
Extraits des écrits de Simone Wapler
Qu’est-ce qui pousse un entrepreneur du secteur privé et concurrentiel à vouloir délocaliser sa production ? Améliorer ses marges et il a deux principaux moyens d’y parvenir : trouver une main d’œuvre moins chère à savoir-faire équivalent et être moins taxé à la production.
Le libéralisme politique et économique n’est ni l’anarchie ni le zéro État. L’individu est libre et responsable de sa destinée. La liberté n’est pas une fin en soi, mais le moyen de parvenir à ses fins. Les individus libres doivent établir des relations avec leurs semblables et échanger paisiblement. Le contrat social consiste à accepter de déléguer à l’État l’arbitrage des contrats privés librement conclus ; il s’agit d’une volonté générale devant laquelle les volontés individuelles s’inclinent. L’État est aussi responsable de la protection de ce grand pacte social. Pour qu’il existe, le droit doit être le même pour tous et sur tout le territoire, quelles que soient les communautés, les clans, les appartenances, les revenus… Une parfaite égalité de droit est l’idéal à poursuivre et non la multiplication des «droits à» pour plaire à telle ou telle faction.D’autre part, elle met le point sur ce dilemne de la société sans cash dans une interview de Mickeal fondateur et journaliste de PLANETES 360 préparée par Cynthia Tebchérany
Q: Aujourd’hui encore, les banques avec la complicité des gouvernements, s’intéressent de plus en plus à notre argent, précisément à l’argent liquide. Cette guerre contre le cash s’intensifie d’année en année, des pays comme la Suède ou l’Inde prennent des mesures pour limiter la consommation du cash. Quels sont leurs intérêts officiels et officieux d’une telle disparition?
R: On va peut-être commencer par l’intérêt officiel de la disparition du cash. Les gens ont vent que c’est pour lutter contre le terrorisme, la criminalité, le blanchiment et la fraude fiscale. Ces activités ont existé et existeront toujours. Les criminels, les terroristes, les fraudeurs se servent de routes, de téléphone et de bien d’autres choses qu’on ne suppriment pas. Mais on veut simplement supprimer le cash. Flash-back par exemple aux Etats-Unis, il y a eu une prohibition. On a interdit l’alcool mais cela n’a pas supprimé l’alcoolisme. Les raisons officieuses sont un peu plus complexes. Le système financier actuel tient sur une escroquerie intellectuelle: votre argent est immédiatement, instantanément dès que vous le demandez disponible et d’autre part, il est agrégé en prêts qui sont donnés à différentes entités et entreprises etc… Donc pour vivre les banques ont besoin de dépôts. Elles financent les états en plaçant leurs dettes dans vos comptes-épargne etc… Ces derniers en renvoient l’ascenceur en sauvant les banques de la faillite lorsque c’est nécessaire pour maintenir la confiance dans ce mythe absurde qui est que à la fois votre argent est totalement disponible et en même temps, il existe sous forme de prêt chez quelqu’un d’autre. Donc pour récapituler, les motifs officiels à la suppression du cash ne tiennent pas la route.
La sanction de la faillite aujourd’hui, les déposants l’ont entre les mains. Donc un résumé très simple: Vous supprimez la seule possibilité qu’ont les gens de retirer leur argent des banques: le cash, donc pas de cause de faillite.
Q: Les raisons pour la limitation du cash sont multiples. Tout d’abord les autorités veulent stopper l’utilisation de l’argent liquide afin d’avoir un contrôle total sur l’argent des citoyens. En autorisant le paiement uniquement par le biais de leur compte bancaire, le gouvernement et les autorités fiscales veulent avoir main-mise sur chaque centime que nous dépensons. La société sans cash est-elle une étape de plus vers une économie totalitaire?
R: C’est une étape de plus mais pas une condition nécessaire. Il y a des économies totalitaires qui existent et dans lesquelles il y a du cash. Donnons un exemple: J’ai un billet de 10 euros signé par M. Mario Dragui. Comment l’ai-je eu? L’état le sait ou ne le sait pas. Je l’ai peut-être tiré de mon compte en banque, on me l’a peut-être donné, je l’ai peut-être acquis par mon travail ou je l’ai retiré d’un distributeur automatique de billets. Donc, il est peut-être traçable ou pas. Simplement, j’ai une créance sur des gens autour de moi qui vivent en euros et la société de ces gens autour de moi me doivent 10 euros. Maintenant, je vais pouvoir faire une transaction, les donner à ma boulangère, à n’importe qui, à quelqu’un dans la rue et de la même façon, cette transaction est traçable ou non. A partir du moment où ces 10 euros ne quittent jamais une banque, où tout devient inscrit dans des registres numériques, toute transaction devient absolument traçable. Et c’est donc une société totalitaire puisque en permanence avec le big data, on sait ce que vous achetez, pourquoi, on peut le taxer, suivre vos dépenses, vous perdez tout un espace privé en fait. Les gens disent que c’est très commode de payer sans cash. La question est d’avoir le choix. Lorsque tout va mal, vous avez le choix, lorsque dans une société sans cash si jamais un fonctionnaire habilité vous coupe de votre argent, on revient au sujet précédent, vous n’avez plus le choix, vous n’êtes plus maître. On peut aussi très bien envisager une société où tout ce que vous allez acheter va dépendre du prix d’une autorité administrative. Si je gagne 4 fois le SMIC je paierais ma baguette plus chère que celui qui gagne une fois le SMIC et je tendrais ma main sur laquelle il y aurait une puce numérique enregistrée et la boulangère sera créditée du montant de mon achat. On ne peut pas parler de démocratie dans la mesure où à partir du moment où vous donnez aux gens quelque chose contre rien, c’est un système profondément injuste. Des gens malades par exemple qui ne peuvent pas travailler ni gagner leur vie et des invalides peuvent recevoir indéfiniment quelque chose contre rien. Cela fait partie de l’organisation sociale normale. Mais à partir du moment où quelqu’un capable de participer à la société productive reçoit quelque chose en échange de rien, on est dans une situation immorale. Et donc le système démocratique fait que la majorité a raison. Et si je vous donne quelque chose contre rien, vous en voudriez toujours plus c’est normal et humain. Moi, si c’est gratuit, j’en voudrais toujours plus. C’est une aberration. Nous sommes dans une société où l’impôt n’est plus débattu et discuté et prélevé au moment où la dépense publique se fait, nous ne sommes plus dans une société démocratique.
Q: Il est loin le temps où on planquait ses économies dans une vieille boîte de biscuit. Les gens deviennent peu à peu des consommateurs impulsifs. la population serait selon vous réduite à son seul et unique aspect, sans avoir la réelle volonté et liberté de faire autre chose. Va-t-on vers un encadrement des comportements?
R: La liberté n’existe pas en tant que telle. Il y a un triangle magique: liberté, propriété, responsabilité. Voyons comment il fonctionne. On est libre si on est responsable. Ce triangle est en totale opposition avec la société d’état providence dans laquelle nous vivons et à laquelle nous sommes habitués. Son but est de créer des gens irresponsables, donc forcément pas libres et de moins en moins propriétaires. On s’occupe de vous de la crèche à la tombe. La société s’arroge de plus en plus de pouvoir car elle sait mieux que vous ce qui est bien pour vous. Donc la société sans cash est un détail, un brouillage de plus qui nous échappe. Sans le triangle magique, il n’y a pas de démocratie, pas de droits de l’homme mais l’émergence du totalitarisme. D’ailleurs, l’individu qui consomme existe. On ne crée pas de richesse si on n’épargne pas ce qui est investi. Le rôle traditionnel de la banque est de transformer l’épargne de court terme en long terme. Un rôle de transformation en unité de consommation et non de création. Vous renoncez à dépenser quand vous voulez et comme vous voulez. Reprendre le contrôle de notre argent est effectivement un sujet de fond. L’état de providence dans lequel nous vivons contrôle 57% de l’économie directement ou indirectement. Donc le secteur privé est minoritaire. C’est difficile de reprendre la main-mise si l’état contrôle 36% du PIB.Qui dit plus de subventions, dit plus de taxation. Ne vous faites pas acheter en tant qu’électeur car il n’y a pas d’argent gratuit. Pour que l’état lève l’impôt, la règle d’or est qu’il doit avoir été débattu et voté en assemblée. Le financement par la tête publique n’existe pas. Le rôle du secteur public est de gagner de l’argent tandis que celui de l’état est promis à des missions régaliennes et principales comme la police, la justice et l’armée.